Restauration d'une Moto Triumph 350 3TA - Triumph Twenty One
Épisode 1
Voici une belle histoire comme je les aime ! Un petit retour en arrière... imaginez-vous en 1978 !
Je n'ai pas encore 18 ans, et un ami de la famille me vend à prix d'ami ma première moto, la PUCH 250 présentée sur ce site. À côté de la Puch, il y a une autre moto sous une bâche, et j'aperçois le petit porte-bagages sur le réservoir. J'en rêve déjà ! Mais à 17 ans, pas possible d'avoir 2 motos d'un coup, et de toute façon son propriétaire ne souhaite pas s'en séparer.
Le temps passe, la vie passe, mais dans un coin de ma tête subsiste cette moto endormie quelque part... Et puis, sans vraiment l'avoir préparé, le hasard d'un week-end en famille, on évoque notre jeunesse et forcément la moto et... "tu imagines si ça se trouve elle existe toujours cette moto !" Va savoir !
Quelques coups de fil, des retrouvailles, et la générosité des amis ! Incroyable, elle n'est plus au même endroit, mais elle existe encore.
Oh, ne pas s'emballer, sûrement pas en très bon état, le temps et l'humidité n'améliorent pas la mécanique ! Qu'importe l'état, c'est trop beau, on va la chercher. Je ne sais même pas de quel modèle il s'agit, dans ma tête juste un porte-bagages bien caractéristique des Triumph des années 60 !
6 heures de route, encore une nuit à patienter, puis enfin, l'aide précieuse du jardinier et de sa débroussailleuse indispensable pour se frayer un chemin dans les ronces et enfin rentrer dans la grange...
La voici, dans son coin, à peine cachée par une bâche. Une vraie émotion, je me revois... il y a... 44 ans !
Le voici, le porte-bagages sur le réservoir.
Moteur bloqué, boîte bloquée, chaîne totalement rouillée, la roue arrière ne tourne pas... Il faut soulever l'arrière et pousser au milieu des ronces ! Heureusement, j'ai pris une pompe pour gonfler le pneu avant, et Marco assure !
Enfin la voici sur la remorque !
Merci Denis, Arlette, Marco, Nanou....
Allez, je vais bien m'occuper d'elle, ça va bien se passer !
Restauration de la Triumph 350 3TA
Restauration de la Triumph 350 3TA ou restauration de la 350 Triumph 3TA, également connue sous le nom de Triumph Twenty One Épisode 2
Après quelques recherches à partir du numéro de cadre et du moteur (qui sont les mêmes, ce qui est une bonne chose, le moteur est en effet d'origine), il s'agit d'un modèle 3TA de 1965, connu sous le nom de Twenty One.
Je ne vais pas copier l'historique parfaitement documenté du site "triumph-tiger-90.com", mais en résumé, cette machine a connu trois périodes :
De 1957 à 1963
Son esthétique lui a valu le surnom de "baignoire" !
De 1964 à 1965 :
Ensuite, la partie arrière s'allège, les Anglais l'appellent un "bikini" !
Ce modèle correspond au mien, bien que les caches latéraux arrière aient disparu. Ils ne semblent pas faciles à trouver ; les retrouver ne sera pas une priorité... quand il n'y aura plus rien d'autre à faire, nous verrons.
1966 :
Le dernier modèle où la partie arrière est encore plus légère.
Donc, pour l'instant, je me documente. La littérature anglaise est assez riche concernant ces modèles, et le Père Noël devrait me gâter !
Et puis, quelques sites web remplis d'informations et de ventes de pièces sont essentiels pour commencer ce projet :
La liste des pièces est facile à trouver sur Internet, et c'est très précieux :
En 1965, 436 machines ont été vendues à l'exportation (279 au Royaume-Uni), je ne sais pas combien sont arrivées en France, la mienne en fait partie !
Restauration 350 Triumph 3TA
Restauration de la Triumph 350 3TA
Épisode 3.
Avant de la monter sur le pont, le rituel de la séance photo s'impose. Voici un extrait :
Extérieurement, ça se présente plutôt pas mal... à l'exception du fait que tout est bloqué. J'asperge de dégrippant et je patiente.
Tiens, il manque un boulon à la base de la fixation moteur !
Un joli carburateur AMAL monobloc 375/62.
Je ne sais pas si c'est une usine à gaz, mais il y a au moins le tuyau ! L'une des vis du carburateur dans le collecteur est foirée, elle sort à la main et ne se visse pas. Mon premier hélicoil Whitworth à venir ?
Bon, la chaîne a besoin de graisse !
Une des rares pièces manquantes : le couvercle du support batterie et le carter droit. Il manque aussi les carters latéraux dits "bikini", mais on n'en parlera pas tout de suite.
Les silencieux sont pourris, ils se désintègrent dès qu'on les touche. Ils se trouvent facilement, mais comme je ne sais pas encore si je vais les repeindre ou les laisser dans leur jus, je ne sais pas si des silencieux (et coudes) neufs chromés iraient très bien sur un ensemble "dans son jus". À voir.
S'il manque le filtre à air "camembert", ce n'est pas le plus inquiétant. De ce côté, par exemple, après 10 jours de dégrippant, la bougie reste indévissable. Probablement que je démonterai la culasse et verrai ça de l'intérieur. Si les derniers filets sont rouillés et dépassent, c'est un coup à foirer le filetage si je force.
Là, autre inquiétude : le kick agit dans le vide, le sélecteur ne bouge pas, aucune vitesse ne passe et le moteur est aussi bloqué.
Il faudra prendre soin de l'indicateur de vitesse !
Tout semble correct ici, le pneu avant est un 3.25 x 17 rainuré et l'arrière un 3.50 x 17, pas si simple à trouver semble-t-il... (AVON)
Ne rêve pas, la trousse à outils n'est plus là !
Ah, ce porte-paquet !
La housse de selle demande à être remplacée !
Compteur et ampèremètre en bon état font oublier l'absence du compteur (le trou côté droit) et du commutateur de phare (la partie cassée à gauche)
Le bilan extérieur est finalement assez positif, mais les difficultés vont commencer quand elle sera sur le pont. Entre le choix des clés, le fait que tout est bloqué et mes satanées épaules qui me font souffrir au moindre effort, il va falloir être patient.
Restauration 350 Triumph 3TA
Restauration de la Triumph 350 3TA
Episode 4
Après près de trois semaines d'action du dégrippant, j'ai enfin reçu les clés Whitworth. Je vais pouvoir commencer l'autopsie !
Je retire d'abord la selle, le réservoir (ci-dessous les caoutchoucs encore en bon état) ainsi que les pots dont les silencieux sont décomposés. Pour ceux qui ne savent pas comment enlever des chicanes, la recette est simple : laissez-les reposer pendant 44 ans dans une grange humide, retournez-les et secouez-les !
et vidange
Ensuite, je m'attaque à la pédale de frein et à son petit ressort sur l'axe.
Et le robinet d'essence !
Maintenant, il est temps de démonter les carters avec leurs vis cruciformes. Je prends toutes les précautions pour éviter d'abîmer les têtes. Tout d'abord, un tournevis neuf Phillips taille 3. Ensuite, je chauffe légèrement les carters et, avec un embout Phillips 3 également neuf, je frappe les têtes. Enfin, j'applique un peu de pâte à roder sur le tournevis pour éviter de glisser.
J'appuie très fort et je tourne avec une clé.
Bingo, toutes les vis viennent, avec ce petit cliquetis au moment où elles se débloquent.
Ensuite, je retire le plateau d'embrayage et ses trois ressorts de pression.
Les deux écrous (alternateur et noix d'embrayage) sont fortement serrés. Comme le moteur est bloqué, il n'y a pas de problème de rotation. J'utilise une douille de 23 mm qui s'adapte parfaitement.
Les 20 galets sont bien en place, mais les disques sont vraiment collés les uns aux autres. Il faudra faire levier avec un tournevis pour les décoller.
Attention à la rondelle du fond...
Finalement, voici l'embrayage complet :
Pour la plaque du fond, cela sera plus délicat, car l'une des petites vis a la tête bien abîmée. Malgré toutes les précautions que je peux prendre, impossible de la dévisser.
Alors, je perce au centre, je taraude à 4, je place une vis avec un écrou nylstop à l'envers pour ne pas endommager le carter, puis un contre-écrou et je desserre !
Tous les outils successivement utilisés pour cette vis !
Pour aller plus loin de ce côté, je vais devoir commander un arrache-noix d'embrayage.
Cependant, je peux tout de même retirer le rotor de l'alternateur, qui vient assez facilement.
Restauration 350 Triumph 3TA
Restauration de la Triumph 350 3TA
Episode 5
Restauration de la Triumph 350 3TA, également connue sous le nom de Triumph Twenty One
Passons au côté droit.
Une fois le petit cache enlevé, le système d'avance sort en insérant une clé BTR à l'intérieur, puis en donnant un léger coup de maillet sec. Sinon, il y a un pas de vis pour utiliser l'arrache Triumph ou la bonne vis, mais ce n'est pas nécessaire ici !
Je mets en œuvre la même technique que du côté gauche pour les vis des carters. J'y découvre les pignons d'arbres à cames et la pompe à huile.
Attention aux rondelles de la pompe à huile, le "cône" doit être orienté vers la pompe.
Je débranche (j'aurais dû le faire avant) les câbles qui vont aux bobines, de toute façon, ils doivent être remplacés car ils sont coupés à un ou deux endroits.
Pour le carter du système de sélection, il faut ajuster légèrement la jolie douille de 1/4w que je viens de recevoir, afin qu'elle puisse entrer dans le logement pour dévisser les écrous.
J'ai un peu plus de difficultés avec le carter du système de sélection. Après plusieurs essais, en manipulant le sélecteur (qui ne se déplace que d'1 cm en haut et en bas) et en tapotant avec un maillet, finalement ça finit par sortir.
Ensuite, je retire la goupille du plateau de sélection, en prenant soin de bien repérer le trou d'où elle provient.
Je me retrouve à nouveau bloqué, car je n'ai pas la clé appropriée pour l'écrou (5/8 w ??). Je ne suis pas sûr où je pourrais en trouver une, il faudrait une clé mixte ou une douille à six pans car il est sûrement bien serré...
Restauration 350 Triumph 3TA
Restauration de la Triumph 350 3TA
Episode 6
Restauration de la Triumph 350 3TA, également connue sous le nom de Triumph Twenty One
Petite chauffe avant de commencer à démonter.
Et puis toujours le tournevis neuf (enfin, il a déjà démonté les vis des carters !), un petit coup de frappe avant et les 4 cruciformes viennent facilement.
Délicatement, je retire le circuit qui vient lubrifier les culbuteurs (raccordé au réservoir d'huile).
Les caches culbu sont faciles à sortir, je repère les tiges pour les remonter au même endroit plus tard (bien plus tard !)
Tout cela rejoint mes petits sachets.
Puis c'est au tour de la culasse, pas trop de difficultés non plus :
Ça s'arrête là, car les cylindres vont nécessiter plus de délicatesse... Je passe l'aspirateur et j'applique du dégrippant. J'alternerai chauffe/dégrippant pendant plusieurs jours (le temps de trouver une clé de 5/8W pour tenter de tourner le vilebrequin, et de dévisser son pignon, tout dépendra de ce qui résiste le plus !)
